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Comment le marché de l'art a-t-il évolué en 2021 et que sera l’avenir ?

Depuis un an ou deux, nous entendons beaucoup parler des mutations du marché de l'art.  Il ne fait aucun doute que les choses ont radicalement changé.

Des galeries aux musées, des maisons de ventes aux vernissages, tout le monde a souffert et la pandémie a entraîné d'énormes pertes pour le monde de l'art.

De toute évidence, le COVID-19 a mis les ventes en ligne au premier plan. Ne pouvant plus compter sur des événements en personne et des ventes aux enchères, le monde de l'art s'est appuyé sur les nouveaux outils numériques qui se sont développés au cours des dernières années.

Malheureusement, nous n’avons pas fini de parler de ces problématiques pour les années à venir, elles définissent toutes les autres tendances du marché. Par contre, d'autres facteurs font sentir leur présence. Regardons en détail la manière dont le marché de l'art a évolué au cours de la dernière année.

L’effet jeunes collectionneurs.

 La génération Y est en train de prendre une part de plus ne plus importante du marché de l'art. Mais que cela signifie-t-il pour les artistes et les galeries ? 

Née avec le numérique, la génération Y est complètement à l'aise avec les nouveaux outils numériques disponibles pour trouver et acheter de l'art. À mesure que leur part de marché augmente, les difficultés que certains ont avec les ventes en ligne disparaissent petit à petit.

Par contre, la génération Y investit beaucoup moins dans l’art que les générations précédentes.

Il faut garder en tête qu'il s'agit là d’une génération qui est arrivée sur un marché du travail en pleine crise financière de 2008, et bien que l'économie se soit redressée à certains égards, les belles opportunités de progrès ont pris du retard par rapport à d'autres marqueurs économiques comme le marché boursier.

Les dettes de prêts étudiants ont également affligé cette génération à un degré beaucoup plus élevé que les générations précédentes, en particulier parmi ceux qui sont les plus susceptibles d'acheter des œuvres d'art. Cela a forcé la génération Y à reporter les étapes traditionnelles de l'âge adulte, comme l'accession à la propriété ou même à certains achats considérés comme non essentiels.

 

Comment peut-on assembler ces tendances ?

Alors que la génération Y continue de croître, lentement mais surement, comme acheteurs d'art, les prix moyens de l'art ont baissé et continueront sur cette tendance. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour quelques artistes et galeries qui sont en haut de la pyramide, mais cela pourrait offrir de nombreuses opportunités pour d'autres. 

Ces acheteurs sont d'autant plus susceptibles d'être présents dans les médias sociaux et ainsi les nouveaux artistes auront la possibilité d'atteindre les amateurs d'art et de leur proposer leurs œuvres en direct.
Les jeunes artistes n'auront pas besoin de déduire les commissions sur les ventes de leurs œuvres, de plus ils peuvent utiliser des plateformes gratuites pour les atteindre. 

Les petites galeries qui représentent généralement des artistes émergents souffriront probablement de cette évolution. Moins de galeries sur le marché, signifie, malheureusement, moins d’opportunités pour les artistes de présenter leur travail.

 

L'essor des expériences artistiques virtuelles.

Au cours des cinq dernières années, de nombreux musées ont proposé quelques essais en réalité virtuelle ou réalité augmentée pour rester en adéquation avec ce nouveau public.

Mais en 2020, ces technologies sont passées de quelques rares expériences afin d’attirer l'attention, qui servaient de bouée de sauvetage nécessaire entre les institutions artistiques et un public restant à la maison.

La pandémie a ensuite vu une prolifération de ces expériences artistiques virtuelles, de nombreux amateurs d'art les essayant pour la première fois.

Pendant ce temps, les prix des équipements de réalité virtuelle continuent de baisser et trouvent leur place sur le marché de l’art. Les smartphones sont maintenant capables de proposer une expérience de réalité virtuelle ou au moins très proche.

Ces expériences virtuelles présentent de nouveaux horizons d'expérimentation et de terrain de travail pour les artistes, ainsi que de nouvelles façons pour les institutions artistiques d’attirer le public alors même qu'il commence à revenir en grand nombre.

Un monde de l'art plus collaboratif.

Dans les moments difficiles, les gens ont tendance à se serrer les coudes et à s'entraider. Jusqu'en 2020, nous avons assisté à de nombreuses collaborations entre des organisations artistiques et des institutions de petite, moyenne et grande taille. À l'époque, c'était une question de survie mutuelle. Mais à l'avenir, est-ce que ça va continuer ? C’est possible et même probable.

Les nouveaux modèles de présentation de l'art, des spectacles hybrides aux événements éphémères, ont montré que le monde de l'art n'a pas encore exploré toutes les pistes.

Ces nouvelles idées qui ont imprégné 2020 pourraient ne pas réapparaître exactement de la même manière. La plupart d'entre elles cherchaient à montrer les créations d’artistes sans engager les collectionneurs sur des achats, mais elles inspireront sans aucun doute de nouvelles expérimentations à l'avenir.

 

Un peu plus de diversité.

La poussée vers les espaces numériques a démocratisé l'accès à l'art à bien des égards. Cela a non seulement permis de trouver et d'apprécier plus facilement l'art, mais a également amené des artistes très éloignés l’un de l’autre d’être sur le même plan, au moins au niveau de la visibilité.

Qu'est-ce que ça veut dire ? Le marché de l'art a eu un an pour trouver sa nouvelle place, ses acheteurs et collectionneurs. Durant cette année qui vient de s’écouler, la diversité du marché de l'art s'est considérablement accrue. Bien que le processus soit lent, il continue d'avoir un impact sur les ventes.

Le côté artiste se diversifie et il en va de même du côté acheteur. En 2020, Sotheby's a mentionné que ses ventes aux enchères en ligne avaient attiré de nombreux amateurs d’art jamais vus auparavant, 30% de leur public étant de nouveaux acheteurs et parmi eux, un tiers avait moins de 40 ans. Le marché semble donc se renouveler.

Cette évolution n’est pas près de s’arrêter. Ces nouveaux acheteurs continueront sans aucun doute à s'intéresser au marché de l'art. Ils feront, très probablement, évoluer le marché de nouvelles manières, en changeant ces tendances sur le long terme.

 

Que sera alors le futur ?

Les changements décrits ci-dessus n'ont pas nécessairement été choisis. Le marché de l'art a dû s’adapter pour survivre, mais la trace qu'ils laissent persistera pour les mois et même les années à venir.

Dans cette période de crise, les changements ont probablement rendu le marché de l'art plus fort qu'avant, mais également en apportant un challenge plus important pour certains artistes.

Ce fut une année difficile, mais à mesure que les choses se rétablissent, plus de personnes achètent de l'art.

Il y a beaucoup plus de manières de s’approprier l'art qu’il n’y a eu dans le passé. La gamme de prix s’est également élargie et de nombreuses œuvres sont plus accessibles pour certaines personnes. Tous ces changements sont positifs pour le monde de l’art.

Une fois la situation stabilisée, nous aurons probablement un marché de l'art qui aura évolué vers quelque chose de beaucoup plus stable et capable de surmonter les défis à venir. C’est en tout cas ce que l’on peut espérer.